Biographie de Paul Émile Pasteur (1884-1951)

Paul & HĂ©lĂšne (1919)Paul Émile Pasteur, de nationalitĂ© suisse, est nĂ© le 7 Octobre 1884 Ă  Montreux (canton de Vaud, Suisse). Plein de ressources, de talent, d’énergie et de rĂ©alisme social, Paul Émile Pasteur accomplit durant sa vie un travail missionnaire admirable, tant sur le plan religieux (formation de pasteurs indigĂšnes) que sur le plan culturel (enseignement gĂ©nĂ©ral et technique) et matĂ©riel (construction de bĂątiments, cultures et Ă©levage).

Autodidacte, ouvert aux mĂ©thodes d’avant-garde, douĂ© d’une personnalitĂ© trĂšs forte mais sans diplĂŽme, artisan missionnaire sans pouvoir rĂ©el de dĂ©cision, homme de terrain rompu aux tĂąches les plus diverses, exĂ©cutĂ©es avec patience et dĂ©termination, il eut Ă  souffrir du mĂ©pris, de la condescendance ou de la critique de ceux qui avaient fait des Ă©tudes, de ceux qui avaient un titre Ă  l’actif de leur rĂ©putation.

Le jeune Paul Émile n’a que dix ans Ă  la mort de son pĂšre et il quitte l’école quatre ans plus tard, sa mĂšre ne pouvant subvenir Ă  ses frais d’études. Il s’engage comme apprenti dessinateur au service topographique de Montreux, puis ira travailler comme dessinateur industriel Ă  GenĂšve, Paris et Londres jusqu’en 1912.

Membre actif de l’Union chrĂ©tienne de Jeunes Gens, il dĂ©cide en 1913 de partir en mission. La SociĂ©tĂ© des Missions Ă©vangĂ©liques de Paris l’envoie au Gabon diriger la station de Ngomo sur les rives de l’OgoouĂ© (en aval de LambarĂ©nĂ© oĂč est installĂ© le Dr. Schweitzer). Exploitation forestiĂšre, Ă©cole, Ă©vangĂ©lisation, il s’attelle Ă  ses nouvelles tĂąches avec Ă©nergie et enthousiasme. Mais il doit rentrer prĂ©cipitamment en Suisse deux ans plus tard, atteint d’une double pleurĂ©sie qui l’obligera Ă  subir trois opĂ©rations consĂ©cutives et une longue convalescence qu’il mettra Ă  profit pour Ă©tudier la mĂ©decine et s’initier au mĂ©tier d’infirmier.

En 1919, il Ă©pouse HĂ©lĂšne FĂ©lix, institutrice formĂ©e aux mĂ©thodes Montessori Ă  l’école de St. Prex, et tous deux s’embarquent un mois plus tard pour la Nouvelle CalĂ©donie, oĂč la SociĂ©tĂ© des Missions Ă©vangĂ©liques de Paris leur a demandĂ© d’assurer l’intĂ©rim de Maurice Leenhardt Ă  la station de Do Neva pendant son absence. Tandis que son Ă©pouse et une autre institutrice, HĂ©lĂšne Capt, s’occupent de la scolarisation des enfants et de l’instruction des femmes, Paul Émile Pasteur assure l’enseignement des catĂ©chumĂšnes et des futurs natas (pasteurs indigĂšnes), supervise le dĂ©veloppement matĂ©riel de la station, relance les cultures et l’élevage permettant de subvenir aux besoins de Do Neva, rĂ©pare ou construit salles de classe et internats, forme des artisans. La « vieille Ă©cole » de Do Neva, commencĂ©e par Paul Laffay, mort Ă  la guerre en 1917, est achevĂ©e par ses soins et l’aide active de quelques Ă©tudiants formĂ©s Ă  cet effet. Ce fut une Ɠuvre de longue haleine mais Paul Émile Pasteur sut « faire Ă©cole de la construction d’une Ă©cole ». Cette construction exclusivement indigĂšne que la population protestante d’aujourd’hui identifie comme sa premiĂšre Ă©cole, victime du temps et de plusieurs cyclones, a Ă©tĂ© restaurĂ©e en 2003 Ă  l’occasion des fĂȘtes du centenaire de Do Neva et fait dĂ©sormais partie du patrimoine territorial.

Dans son travail, il est appuyĂ© par Édouard Benignus, pasteur Ă  NoumĂ©a, avec qui il fera plusieurs visites et missions d’Ă©vangĂ©lisation, Ă  cheval, dans les tribus de la cĂŽte Est et du Nord de la Grande Terre.

À son retour Ă  Do Neva en dĂ©cembre 1923, Maurice Leenhardt confie Ă  Paul Émile Pasteur le soin de rĂ©organiser la vieille station missionnaire de RĂŽ, Ă  MarĂ©. FondĂ©e en 1841 par les pasteurs anglais de la London Missionary Society, elle est sans missionnaire attitrĂ© depuis le dĂ©part du pasteur Delord en 1911. AccompagnĂ©s de leurs deux filles, nĂ©es Ă  Canala et HouaĂŻlou, HĂ©lĂšne et Paul Émile Pasteur arrivent Ă  RĂŽ en avril 1924. La tĂąche est rude : remise en marche de la vieille imprimerie permettant la publication de textes, dont le Nouveau Testament, en Nengone, la langue de MarĂ© ; formation pastorale, scolaire et professionnelle ; soins aux lĂ©preux, nombreux Ă  l’époque, avec l’aide d’infirmiĂšres missionnaires dĂ©vouĂ©es. En juillet 1924 naĂźt leur troisiĂšme enfant, un garçon.

En juin 1925, Ă  la demande de la SociĂ©tĂ© des Missions de Paris et contre son grĂ©, Paul Émile Pasteur quitte MarĂ© et regagne la Suisse avec sa famille, aprĂšs six annĂ©es de travail ininterrompu comme artisan missionnaire et ouvrier de la foi en terre de mission.

De retour au pays, Paul Émile Pasteur n’a qu’une idĂ©e au cƓur, retourner Ă  MarĂ© pour achever le travail entrepris et prĂ©maturĂ©ment interrompu. Il projette d’y soigner les lĂ©preux et, plus largement, « organiser et faire vivre, par le travail des jeunes et l’aide des anciens, un service d’hygiĂšne et de prophylaxie, dans les rĂ©serves affectĂ©es aux lĂ©preux ». Il dessine les plans d’un village idĂ©al pour lĂ©preux rĂ©pondant le mieux aux circonstances locales et au but poursuivi, une station de soins comprenant Ă©cole, atelier d’apprentissage, internat, dispensaire et un service de rĂ©insertion dans la vie active. Son projet se veut aussi social et pĂ©dagogique, une « tentative d’éducation civique destinĂ©e Ă  rehausser la dignitĂ© de l’indigĂšne en le libĂ©rant de la tutelle europĂ©enne ».

Pour mener Ă  bien son entreprise, il lance une souscription, crĂ©e un comitĂ© de soutien, « l’ƒuvre de MarĂ© », multiplie les contacts. Il collecte des dons, anime des confĂ©rences illustrĂ©es par des « projections lumineuses » de ses aquarelles, organise la vente de cartes postales reprĂ©sentant des fleurs de Nouvelle-CalĂ©donie peintes par lui-mĂȘme, Ă©dite un bulletin
 Sur le point de partir, ayant rĂ©uni les fonds et les ressources nĂ©cessaires grĂące au formidable rĂ©seau de solidaritĂ© qu’il a rĂ©ussi Ă  constituer, Paul Émile Pasteur doit pourtant renoncer Ă  rĂ©aliser son vƓu le plus cher, faute d’avoir obtenu les autorisations nĂ©cessaires auprĂšs du ministĂšre des Colonies de France. « J’ai cherchĂ© des hommes, j’ai trouvĂ© des fonctions » Ă©crit-il dans son journal en mars 1927. Cet Ă©chec douloureux ne l’écartera pourtant pas de son constant dĂ©sir de retourner lĂ  oĂč il donna et laissa un si grand moment de sa vie. Soucieux de donner Ă  ses quatre enfants – une derniĂšre fille est nĂ©e Ă  Lausanne en 1926 – la possibilitĂ© de faire les Ă©tudes qu’il n’avait pu lui-mĂȘme poursuivre et sa santĂ© ne lui permettant plus d’affronter longtemps les hivers helvĂ©tiques, il repartira en 1937 avec toute sa famille en Nouvelle-CalĂ©donie et passera plusieurs annĂ©es Ă  MarĂ© avant de s’installer Ă  NoumĂ©a oĂč la mort le surprend en 1951, Ă  l’ñge de 67 ans.

Source : Henry & Olivier Pasteur

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