Louis Pasteur, père de la médecine moderne

« La vie est fonction de la dissymétrie de l’Univers… »

Pasteur : les débuts

Louis Pasteur est né le 27 décembre 1822 à Dole, dans le Jura. En 1827, la famille Pasteur déménage à Arbois, où le jeune Pasteur suivra ses études primaires et secondaires. En 1839, Louis Pasteur entre au Collège Royal de Besançon et y passe deux baccalauréats, en lettres et en sciences. Il continue ses études à Paris, au lycée Saint-Louis, tout en suivant régulièrement des conférences à la Sorbonne. Il effectue une année de préparation pour les examens d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, qu’il intègre en 1843. Il passe ensuite l’agrégation et soutient avec succès deux thèses de physique et de chimie, dans le domaine de la cristallographie. Il entre en 1848 à la Faculté de Strasbourg en tant que professeur suppléant de chimie, et rencontre peu après Marie Laurent, la fille du recteur, qu’il épousera en 1849 et dont il aura cinq enfants.

La cristallographie

En 1848, Pasteur présente ses travaux sur la cristallographie devant l’Académie des Sciences de Paris. Il vient de découvrir l’influence de la structure moléculaire sur la déviation de la lumière polarisée, en observant la forme de cristaux de tartrate et de paratartrate. Pasteur parviendra bientôt à la conclusion suivante: les produits issus de la matière vivante sont dissymétriques et actifs sur la lumière polarisée. « La vie est fonction de la dissymétrie de l’Univers ».

Fermentations et génération spontanée

Pasteur découvre que l’acide paratartrique (mélange d’acide tartrique droit et d’acide tartrique gauche) devenait, après fermentation, actif sur la lumière polarisée. La fermentation a « consommé » l’acide tartrique droit: il en déduit que les fermentations sont « œuvres de vie ». Dès 1854, alors doyen de la Faculté des Sciences de Lille, Pasteur va se lancer dans l’étude des fermentations. Durant quinze ans de recherches, Pasteur va découvrir le rôle des microorganismes dans les fermentations et démonter toutes les thèses en faveur de la génération spontanée. Grâce à ses observations au microscope, Pasteur va classer les êtres vivants microscopiques (ou « ferments ») en deux grandes catégories: aérobies (qui ne peuvent vivre sans oxygène) et anaérobies (qui peuvent vivre en absence d’oxygène). Il démontre que les germes n’apparaissent pas spontanément dans les milieux fermentescibles, mais qu’ils proviennent du milieu environnant et se multiplient lorsqu’ils rencontrent des conditions favorables. Un milieu nutritif stérilisé par chauffage ne peut pas fermenter s’il est conservé à l’abri des germes: telle est la fameuse conclusion des expériences avec les ballons à « col de cygne ». En 1862, Pasteur affirme « la génération spontanée est une chimère: chaque fois qu’on y a cru, on a été le jouet d’une erreur ».

Travaux sur la bière et le vin

A la demande de l’empereur Napoléon III, Louis Pasteur est amené à étudier les causes des altérations du vin durant la fermentation du jus de raisin. Il découvre que tous ces problèmes sont imputables à des germes « parasites », qui se développent en plus des microorganismes responsables de la fermentation « normale ». Il apprend alors aux industriels des fermentations (brasseurs, viticulteurs, fabricants de vinaigre…) à n’utiliser que des souches pures de microorganismes, pour éviter les accidents de production. En essayant de « trouver le remède au mal dont il a fait connaître la cause », Pasteur met au point une technique permettant de réduire le niveau de contamination d’un milieu grâce à un chauffage de quelques minutes entre 55 et 60°C en l’absence d’air. Ce procédé, qui sera par la suite dénommé « pasteurisation », sera adapté à grande échelle pour le secteur viticole et améliorera considérablement l’aptitude des vins à la conservation. Pour la brasserie, Pasteur recommande une stérilisation du moût par chauffage, suivie d’un refroidissement à l’abri de toute contamination, avant mise en fermentation avec une souche de levure pure. Une acidité suffisante permet de limiter le développement ultérieur des germes et assure une bonne conservation après l’embouteillage.

Les maladies des vers à soie

En 1865, Pasteur se rend à Alès pour étudier les maladies qui touchent les élevages de vers à soie. Ses études au microscope révèlent, chez les chenilles malades, la présence d’un parasite microscopique. Cette maladie, la pébrine, se transmet par contamination entre les chenilles. Pasteur va établir une prophylaxie pour cette affection ainsi que pour une autre maladie contagieuse, la flacherie, qui se déclare chez les chenilles affaiblies à la suite d’un stress. Pasteur expose ainsi pour la première fois le concept de « terrain » pour une maladie: les individus affaiblis représentent un terrain plus favorable au développement des microorganismes et sont plus enclins à contracter les affections correspondantes.

Recherches sur les maladies infectieuses chez l’homme et les animaux

Pasteur confirme que les maladies infectieuses chez l’homme et les animaux sont dues à des microorganismes. Entre 1878 et 1880, il identifie trois espèces de bactéries: le streptocoque, le staphylocoque et le pneumocoque. Partant du fait que chaque maladie est causée par un microorganisme donné, suite à une contamination extérieure, Pasteur établit les grands principes de l’asepsie. Le taux de mortalité à la suite d’opérations chirurgicales ou d’accouchements sera considérablement réduit grâce à cette méthode. Pasteur cherche ensuite à savoir si l’homme et les animaux peuvent être immunisés contre les microorganismes responsables de certaines maladies graves, comme Jenner avait fait contre la variole. En 1880, Louis Pasteur parvient à vacciner des poules contre le choléra, en les inoculant avec une culture du microorganisme vieilli (donc moins virulent: on dit « atténué »). Les poules résistent ensuite à des injections de souches virulents. Pasteur adapte rapidement le principe de la vaccination à d’autres maladies comme le charbon ou le rouget du Porc.

La prophylaxie de la rage

Les protocoles d’immunisation contre certaines maladies sont maintenant au point. La méthode est toujours la même: il faut isoler le microorganisme responsable, le mettre en culture et l’atténuer avant d’inoculer une forme peu virulente chez les patients que l’on veut immuniser. Dans le cas de la rage, le microorganisme responsable est un virus, trop petit pour être détecté avec les techniques de microscopie optique de l’époque. Pasteur va se consacrer à l’étude de cette maladie entre 1880 et 1885. Partant du fait que la rage touche le système nerveux, Pasteur suppose que le microbe se trouve dans le cerveau et la moelle épinière des sujets malades. Inoculée dans le cerveau d’un sujet sain, la substance nerveuse d’un animal enragé (chien, lapin…) est effectivement capable de communiquer la maladie. Pasteur utilise les moelles épinières de lapins rabiques comme de véritables cultures. Il les inocule de lapin à lapin pendant plusieurs générations afin d’obtenir un virus « fixe » (qui tue après la même durée d’incubation). La moelle épinière contenant ce virus « fixe » est placée dans un flacon contenant de la potasse. L’oxygène de l’air et la dessication atténuent d’autant plus le virus que la durée de ce traitement est longue. Le premier vaccin antirabique , réalisé à partir de virus atténué, est testé avec succès sur un jeune garçon, Joseph Meister, le 6 juillet 1885. La vaccination se révèle efficace à condition que les inoculations soient réalisées le plus vite possible après la contamination (morsure par un animal enragé).

L’Institut Pasteur

Les résultats des travaux de Pasteur concernant la rage sont présentés devant l’Académie des Sciences le 1er mars 1886. Pasteur propose à cette occasion la création d’un « établissement vaccinal contre la rage ». Une souscription publique, lancée en 1887, recueillera deux millions de francs à cet effet. En 1888, le premier bâtiment de l’Institut Pasteur est inauguré par le Président de la République, Sadi Carnot. D’autres Instituts Pasteur seront ensuite créés de par le monde, notamment sous l’influence de certains microbiologistes comme Albert Calmette et Alexandre Yersin. La mission de l’Institut Pasteur restera inchangée : mener des recherches et des campagnes de vaccination contre les maladies infectieuses, et servir de lieu d’enseignement.

La gloire

Après avoir rencontré beaucoup d’opposition pour faire admettre le bien-fondé de ses découvertes, Louis Pasteur aura véritablement obtenu la consécration avec la découverte du vaccin antirabique. L’Institut Pasteur sera créé peu après, en 1887. Louis Pasteur sera membre de plusieurs prestigieuses académies, en France comme à l’étranger, et recevra de nombreuses distinctions. De son vivant, des rues et des villages seront baptisés de son nom.

Louis Pasteur s’éteindra le 28 septembre 1895 à Marnes la Coquette. Son corps sera inhumé dans une chapelle située au sein de l’Institut, et non au Panthéon comme cela avait été initialement prévu. De nombreux monuments seront érigés à sa mémoire et plusieurs objets usuels porteront son effigie (timbres, billets de banque…). Pasteur bénéficie encore d’une reconnaissance universelle, de la part de l’ensemble de la population comme de la communauté scientifique.

Source: Hyperlab, Mission pour la Science et la Technologie, Ambassade de France au Canada.

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