Tout s’enchaîne dans l’œuvre de Pasteur, depuis les travaux sur la cristallographie jusqu’à la découverte des virus-vaccins et à la prophylaxie de la rage.
L’origine de l’œuvre de Pasteur est la lecture d’une note d’un physicien allemand, Mitscherlich. Celui-ci avait constaté que deux corps chimiques, le paratartrate et le tartrate de soude et d’ammoniaque, ont la même constitution chimique et la même forme cristalline et qu’ils ont cependant une action différente sur la lumière polarisée. Pasteur va chercher à en découvrir la cause.
Première époque :
Des années 1847 à 1862 (c’est à dire de 25 à 40 ans)
Pasteur est essentiellement un physicien et un chimiste
- 1847 : travaux sur la dissymétrie moléculaire
Après plusieurs années de recherche où il associe la cristallographie, la chimie et l’optique, Pasteur établit qu’il y a parallélisme entre la forme extérieure d’un cristal, sa constitution moléculaire et son action sur la lumière polarisée. Les cristaux dissymétriques font dévier la lumière polarisée, les cristaux qui ont un plan de symétrie ne la dévient pas.
Il formule une loi fondamentale : « seuls les produits nés sous l’influence de la vie sont dissymétriques, cela parce qu’à leur élaboration président des forces cosmiques qui sont elles-mêmes dissymétriques ».
La dissymétrie est la grande ligne de démarcation entre le monde organique et le monde minéral. Ce sont les travaux de Pasteur qui furent à l’origine d’une nouvelle science la stéréochimie (ou chimie de l’espace).
Il provoque également l’essor de la chimie de synthèse.
- 1855/1857 : travaux sur les fermentations
C’est en observant des cristaux de paratartrate que Pasteur avait découvert la dissymétrie moléculaire et c’est également en examinant une solution d’acide paratartrique qu’il s’était aperçu que, sous l’effet d’une moisissure, cet acide avait fermenté et qu’il s’était dissocié : on ne trouvait plus dans le liquide fermenté que l’acide tartrique gauche, l’acide tartrique droit avait été décomposé « desassemble ». Ainsi, une substance inactive sur la lumière polarisée (acide paratartrique) était devenue active (acide tartrique gauche) sous l’influence d’une fermentation
Donc, puisque toute substance active provient de la nature vivante, la fermentation au lieu d’être une œuvre de mort, telle que le croyait le chimiste Liebig, est une œuvre de vie puisque seule la vie est génératrice de substances actives sur la lumière polarisée. C’est le premier chaînon qui le mènera, par une suite logique de ses études, de la dissymétrie moléculaire aux fermentations puis aux maladies contagieuses.
- 1857/1862
Il étudie les fermentations lactique et alcoolique et démontre que :
– toute fermentation est due à la présence d’un micro-organisme;
– à chaque fermentation correspond un ferment particulier.
Il constate également que, pour étudier une fermentation, il faut :
– préparer un milieu de culture approprié au ferment et stérile;
– ensemencer ce milieu avec une trace de ferment à l’état de pureté.
C’est l’origine de toute la technique microbiologique
En étudiant le mécanisme des fermentations qui l’a conduit à affirmer le rôle et la spécificité d’action des micro-organismes, Pasteur a fait une oeuvre de chimiste-biologiste.
Deuxième époque :
Des années 1862 à 1877 (c’est à dire de 40 à 55 ans)
De 40 à 55 ans, Pasteur devient un biologiste. Il élabore la théorie des germes et anéantit la doctrine de la génération spontanée.
- A la suite de ses premières découvertes, il se demande d’où proviennent les micro-organismes, agents de la fermentation. Naissent-ils de germes semblables à eux ou apparaissent-ils spontanément dans les milieux fermentescibles ? C’était toute la question de la génération spontanée qui se posait. Pasteur, après des luttes mémorables contre ses contradicteurs (Pouchet), pouvait affirmer, par les expériences les plus variées, dans son mémoire de 1862, que :
- les poussières de l’atmosphère renferment des germes d’organismes « inférieurs », toujours prêts à se développer et à se multiplier;
- les liquides les plus putrescibles restent inaltérés si on a la précaution de les mettre à l’abri du contact de ces germes.
« La génération spontanée est une chimère » (Pasteur)
- Il se demande ensuite comment s’opèrent les fermentations, comment agissent les ferments.
Il découvre une nouvelle classe d’êtres vivants, capables de vivre à l’abri de l’air, en étudiant la fermentation butyrique. Il propose le terme de « anaérobie » pour le ferment qui a la propriété de vivre sans air, le terme « aérobie » étant donné au micro-organisme qui exige la présence de l’oxygène libre pour se développer.
La fermentation est la conséquence de la vie sans air
- Il étudie la formation du vinaigre et la transformation de l’alcool en acide acétique par un micro-organisme, le Mycoderma aceti, qui fixe l’oxygène de l’air sur l’alcool. Il montre aux vinaigriers comment obtenir un vinaigre d’une qualité constante.
- Les maladies du vin
- En étudiant les ferments parasites de cette boisson, Pasteur démontre que chaque maladie est due à un ferment particulier.
Par un chauffage particulier à 55°, il est possible de mettre les vins à l’abri des maladies. Cette méthode, appliquée à tous les liquides altérables, est connue dans le monde entier sous le nom de « Pasteurisation ».
- La bière
- Les altérations de la bière sont produites par des micro-organismes apportés par les poussières de l’air. Pasteur enseigne aux brasseurs à préserver les moûts des souillures et à chauffer la bière à 55° pour prévenir les maladies
- Maladies des vers à soie
- En 1865, la sériciculture, non seulement en France mais aussi en Italie, en Autriche, en Asie Mineure, est minée par une maladie : la pébrine.
Pasteur constate au microscope que les vers atteints de cette maladie ont des corpuscules brillants et que ces corpuscules sont responsables de la maladie.
Il montre que la maladie est héréditaire, qu’elle est contagieuse.
Il découvre une autre maladie, la flacherie, qui met en évidence la notion de « terrain » particulier pour que la maladie se déclare.
Il triomphe de la maladie pratiquement par l’invention du grainage cellulaire.
Les travaux de Pasteur ont un intérêt considérable : pour la première fois, sont résolus scientifiquement les problèmes de l’hérédité et de la contagion, et établies des règles de prophylaxie. C’est une préface à ses études sur les maladies contagieuses et à la théorie des germes.
Troisième époque :
Des années 1877 à 1887 (c’est à dire de 55 à 65 ans)
De 55 à 65 ans, Pasteur met la microbiologie au service de la médecine et de la chirurgie.
- 1877 : étude sur les maladies infectieuses
- découverte de la cause des furoncles et de l’ostéomyélite : le staphylocoque
- découverte du microbe de l’infection puerpérale : le streptocoque
- découverte du pneumocoque
- 1880 : méthode de l’atténuation de la virulence des microbes
- le choléra des poules (par vieillissement au contact de l’oxygène de l’air)
- le charbon des moutons (par la culture de la bactéridie charbonneuse à 43° atténuée par l’oxygène de l’air)
- 1881 : les vaccinations
- le choléra
- le charbon
- le rouget du porc
Par l’application de sa méthode :
– à l’étude des maladies infectieuses (agents microbiens)
– à leur prévention (asepsie)
– et à leur prophylaxie par immunisation (vaccination)
Pasteur a fondé l’immunologie.
- 1880-1885 : la rage
Pasteur est en pleine possession de sa méthode expérimentale. Il étudie la rage. Il veut isoler le germe mais ne le trouve pas. La rage est une maladie du système nerveux. Il cultive un « micro-organisme » invisible sur une moëlle de lapin et en fixe la virulence.
Il applique à l’homme la méthode d’atténuation des moëlles virulentes, le 6 juillet 1885, à Joseph Meister.
- 14 novembre 1888
Inauguration de l’Institut Pasteur par Sadi Carnot.
Source : Institut Pasteur
Voir aussi:
- Biographie de Louis Pasteur (1822-1895)
- Louis Pasteur, père de la médecine moderne
- La maison natale de Louis Pasteur (Dole)
- La maison familiale de Louis Pasteur (Arbois)
- Le musée Pasteur (Paris)
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