Louis Pasteur, le savant de la famille

Qui, en 1856, aurait pu prĂ©voir qu’un professeur de chimie de province qui n’avait jusque lĂ  jamais Ă©tudiĂ© ni la mĂ©decine ni mĂȘme la biologie serait trente ans plus tard l’acteur d’un renouvellement si complet des thĂ©ories mĂ©dicales et des mĂ©thodes chirurgicales, que son Ɠuvre s’inscrira dans les mƓurs, les lois, les Ă©coles de la plupart des pays d’Europe et mĂȘme du monde entier?

NĂ© Ă  Dole le 27 dĂ©cembre 1822, Louis Pasteur y commence son instruction jusqu’au collĂšge. EncouragĂ© Ă  poursuivre ses Ă©tudes par le proviseur, il passe successivement Ă  Besançon en 1840 et 1841 le baccalaurĂ©at Ăšs lettres et le baccalaurĂ©at Ăšs sciences. Reçu Ă  l’École normale, il finance ses Ă©tudes fort chĂšres par des travaux de maĂźtre auxiliaire et surveillant puis de prĂ©parateur dans le laboratoire de chimie du professeur Balard; il obtient rapidement l’agrĂ©gation et un doctorat Ăšs sciences. GrĂące Ă  l’intervention de Balard, qui a dĂ©tectĂ© dans le jeune Louis Pasteur des qualitĂ©s rares d’intelligence et d’intuition, il Ă©chappe Ă  un poste de professeur de physique Ă  Dijon dans un lycĂ©e sans laboratoire, et se voit nommĂ© Ă  Strasbourg comme professeur supplĂ©ant de chimie Ă  la FacultĂ© des Sciences. Il y fait la connaissance de Marie AimĂ©e Laurent, la fille du recteur d’AcadĂ©mie, qu’il Ă©pouse le 29 mai 1849. Ses trois premiers enfants naissent Ă  Strasbourg.

En 1854, il est affectĂ© Ă  Lille, comme professeur puis doyen de la nouvelle FacultĂ© des Sciences. Une Ă©tude demandĂ©e par un fabricant d’alcool de betterave est pour lui l’occasion de dĂ©velopper puis d’affirmer l’existence de micro-organismes indĂ©pendants. Il va ainsi Ă  l’encontre de la thĂšse de la gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e couramment admise. AttaquĂ© par ses dĂ©tracteurs («Le monde oĂč Pasteur prĂ©tend nous mener est par trop fantastique»), il rĂ©ussit cependant en 1862 Ă  se faire Ă©lire Ă  l’AcadĂ©mie des Sciences et rallie alors en quelques mois la science officielle Ă  ses thĂ©ories. MalgrĂ© des dĂ©bats incessants, il multiplie les recherches et les communications. Il va jusqu’Ă  se prĂ©senter en 1873, alors qu’il n’est mĂȘme pas mĂ©decin, Ă  l’AcadĂ©mie de mĂ©decine, et s’y fait Ă©lire Ă  une voix de majoritĂ©. Ses affirmations sur l’existence de micro-organismes provoquant des maladies comme la rougeole, le cholĂ©ra, la tuberculose, etc. sont pourtant bien Ă©loignĂ©es des thĂšses anticontagionnistes soutenues Ă  l’Ă©poque par la majoritĂ© du corps mĂ©dical. Louis Pasteur travaille sans relĂąche Ă  la diffusion de ses thĂ©ories, invente sans cesse de nouveaux vaccins, jusqu’Ă  ce fameux jour de juillet 1885 oĂč on lui amĂšne le petit Joseph Meister de neuf ans mordu par un chien enragĂ©, oĂč il ose le faire vacciner.., et oĂč il le guĂ©rit. En un an, 1726 personnes dans le mĂȘme cas viennent se faire vacciner, et 1 716 guĂ©rissent. Devant ces rĂ©sultats miraculeux, l’AcadĂ©mie des Sciences lance une souscription de 50 millions de francs et crĂ©e l’Institut Pasteur. DĂ©clarĂ© d’utilitĂ© publique, il est inaugurĂ© le 14 novembre 1888. Lorsque Pasteur dĂ©cĂšde le 28 septembre 1895, il sait que ses thĂ©ories ont gagnĂ© et qu’elles continueront Ă  porter leurs fruits. L’Institut Pasteur emploie aujourd’hui 2600 personnes et a des correspondants dans le monde entier: la bataille de la microbiologie l’a emportĂ©.

Et ses enfants? Louis Pasteur et Marie AimĂ© Laurent en ont cinq, mais trois meurent en bas Ăąge de la fiĂšvre typhoĂŻde: Jeanne Ă  neuf ans; CĂ©cile Ă  treize ans; Camille Ă  deux ans. Sans doute la douleur alors Ă©prouvĂ©e par le couple n’est-elle pas Ă©trangĂšre Ă  l’acharnement que met le savant Ă  dĂ©couvrir sans cesse de nouveaux vaccins. Deux enfants lui restent: Jean-Baptiste et Marie-Louise.

NĂ© le 8 novembre 1851 Ă  Strasbourg, Jean-Baptiste Pasteur sera, aprĂšs une licence en droit, reçu en janvier 1891 au concours du Quai d’Orsay et deviendra secrĂ©taire d’ambassade puis diplomate Ă  Rome, Copenhague, Madrid, AthĂšnes… Il Ă©pousera la sƓur d’un des prĂ©parateurs de son pĂšre, Jeanne Boutroux, originaire d’OrlĂ©ans, une jeune fille charmante qui sĂ©duira toute la famille («Elle a toutes les qualitĂ©s requises», dira d’elle Louis Pasteur). Mais le couple n’aura pas d’enfant. Jean-Baptiste Pasteur s’Ă©teindra le 17 octobre 1908.

NĂ©e le 19 juillet 1858, Marie Louise Pasteur Ă©pousera le 4 novembre 1879 RenĂ© Vallery-Radot et en aura trois enfants : [deux filles, Camille et Marie (dĂ©cĂ©dĂ©e en bas Ăąge), et un garçon, Louis]. Ce dernier obtiendra en 1945 par de Gaulle l’autorisation de relever le nom de son beau-pĂšre et d’ajouter le nom de Pasteur devant le sien, mais il n’aura pas de descendance.

Source : Généalogie de Louis Pasteur, article de Marie-Odile Mergnac paru dans Gé-Magazine, N° 106, juillet 1992.

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