La lignée de Jacob Pasteur

En 1626 naît à Bienne, dans le canton de Berne, en Suisse, Jacob Pasteur. Exécuteur de Haute Justice, il est resté dans l’histoire comme le bourreau de Moudon.

Jacob  s’éteint en 1692 à l’âge de 66 ans. Il a cinq fils, qui tous se font bourreaux et épousent, comme le veut la tradition, des filles de bourreaux.

«On n’aimait guère à les visiter de jour ; mais l’ombre propice du soir leur amenait bien des amateurs de mousse de crâne, des mères tourmentées par les convulsions ou la surdité d’un enfant, des jeunesses en proie au mal d’amour. Jacob, le bourreau de Moudon, se voit ainsi sollicité par une femme de Denezy ; elle voudrait oublier Jean Pierre Crisinel, pour qui elle a trop d’amitié. Qu’à cela ne tienne ; elle n’a qu’à faire une offrande sur les papistes, comme le relate la cliente, ou un demi batz au nom de Dieu, dit de son côté Jacob. Et comme il est homme d’ordre, il ne manque pas de l’inscrire sur son livre». (Eugène Olivier)

Son fils aîné, Jacob, naît le 26 mars 1656 à Bienne, dans le canton de Berne. En 1679, il s’installe à Lausanne où il y officiera comme Maître des hautes œuvres jusqu’en 1700,. Comme beaucoup de ses confrères, c’est aussi un meige, soignant par les plantes et s’improvisant même parfois chirurgien.

«Vers la fin du siècle, Maître Jacob, maître des hautes œuvres de Lausanne, serait appelé en consultation par une famille, à l’hôpital des réfugiés, si la direction n’y faisait opposition. Je suppose que c’est le même qui use d’un procédé cavalier à l’égard du bon chirurgien Arthaud: il retient une lettre appelant Arthaud à Denges pour panser un malade et y va lui-même! Exploit qui lui vaut une simple censure ; avec menace que s’il retombe en cette faute on le censurera. Lui encore qui ajoute à ses divers talents la musique; le Conseil doit lui faire defence d’aller jouant de la basse dans aucun endroit ni d’aller se mêler dans les compagnies». (Eugène Olivier).

Jacob s’éteint en 1700, à Lausanne, à l’âge de 44 ans. Il a deux fils : le cadet, Bénédict, devient bourreau en titre de la seigneurie de Genève; l’aîné, Jean-Jacques, lui succède.

Jean-Jacques, naît le 23 novembre 1680 à Lausanne. A la mort de son père, il hérite de la charge de bourreau de Lausanne. Il a tout juste 20 ans.

«En 1721, la ville veut bien hazarder encore deux escus… pour procurer la guérison de la Burnier : ils sont destinés à l’exécuteur des basses œuvres». (Eugène Olivier)

Jean-Jacques s’éteint le 2 décembre 1746 à Lausanne, à l’âge de 66 ans. Son fils Jean Vincent lui succède.

Jean Vincent naît en 1702 à Lausanne. En 1725, il épouse sa cousine, Jeanne Louise Tavel, qui lui donne deux garçons, Jean François et Jean Abram. Remarié le 22 juin 1751, il s’éteint en 1765 à Lausanne, à l’âge de 63 ans. Contrairement à la tradition, c’est son fils cadet qui lui succède en 1765, tandis que l’aîné ira faire carrière à Moudon comme Maître des basses oeuvres.

Jean François naît le 6 novembre 1729 à Lausanne. Son épouse, Marie Esther Damon, lui donne cinq enfants. En 1751, il reçoit le titre de Bourgeois de Renens.

«En 1765, Jean François, maître des basses oeuvres à Moudon, atteint par l’ordonnance contre les meiges, sollicita la patente mais ne fut pas admis. Avec Gabriel, fils de son collègue de Payerne (le père avait aussi été interdit et Gabriel avait dû faire de la prison pour avoir pratiqué sans autorisation), ils ne trouvent rien de mieux que de se présenter devant le Collège de médecine de Lausanne. Celui-ci admit que c’était par erreur… et n’a pas du tout jugé convenable de les admettre à l’examen.» (Eugène Olivier)

Son troisième fils, Jean Abram, s’installe à Morges comme Maître des basses œuvres. Il s’éteint le 11 février 1821 à Morges, à l’âge de 61 ans. Il aura deux femmes et trois enfants.

Le benjamin, Jean Gabriel, né le 25 octobre 1796, a 25 ans lorsqu’il reprend la charge de son père. Le 16 mars 1820, à Yverdon-les-Bains, Jean Gabriel épouse sa cousine Christine Suzanne Pasteur, qui lui donnera un garçon et une fille.

Abram Jean François Samuel ne fut pas bourreau comme ses ancêtres. Né le 27 août 1820 à Morges, il s’éteint à l’âge de 37 ans à Vufflens-le-Château. Sa femme, Suzanne Marie Gerster, disparaît le même jour que lui. Ils avaient le même âge. Ils laisseront derrière eux neuf enfants. L’aîné a seize ans, le plus jeune en a trois.

Henri Ulrich naît à Chigny, près de Vufflens, le 11 juillet 1849. C’est le cinquième enfant. D’abord coiffeur à Montreux, il décide de se lancer dans les affaires et devient radeleur à Territet, pès de Montreux, louant des «embarcations à rames et à voiles» aux touristes anglais ou allemands. Mais le joyau de «sa» flotte (il se définissait volontiers comme armateur, bien que les bateaux ne lui appartinssent pas), c’était une «chaloupe à vapeur de naphte, tirant jusqu’à 6 chevaux, pouvant contenir jusqu’à 25 personnes et naviguer en même temps à voile et à vapeur à une vitesse de 13 km/h». Il s’éteint le 2 mars 1894 à Montreux, à l’âge de 44 ans, après quelques déboires judiciaires. Son épouse, Fanny Mogeon, lui donnera une fille et deux garçons.

Paul Emile, le benjamin, naît le 7 octobre 1884 à Montreux, sur les rives du lac Léman. Il s’éteindra 66 ans plus tard sur les rivages du Pacifique, après avoir fait plusieurs fois le tour de la terre avec sa femme et ses quatre enfants.

Henri Edouard, seul garçon entouré de trois sœurs, dernier descendant mâle de cette branche Pasteur qui a donné plusieurs générations de bourreaux et de grands voyageurs naît le, 30 juillet 1924 à Maré, l’une des îles Loyauté à l’est de la Nouvelle-Calédonie. Vingt-neuf ans plus tard, le 22 mai 1953, à Londres, Henri épouse Gilberte Brûlat qui allait bientôt se faire connaître comme peintre et écrivain sous le nom de Gil Pasteur. Ils ont dix ans d’écart et viennent de deux galaxies différentes. Il auront trois fils, Olivier, Laurent et Jérôme, qui auront à leur tour trois fils: Jean, Simon et Samuel. La suite de cette histoire, c’est à eux de l’écrire…

Note: voir aussi l’arbre généalogique de Jacob Pasteur

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