Oh ! mon père et ma mère ! Oh ! mes chers disparus qui avez si modestement vécu dans cette petite maison, c’est à vous que je dois tout ! Tes enthousiasmes, ma vaillante mère, tu les as fait passer en moi. Si j’ai toujours associé la grandeur de la science à la grandeur de la patrie, c’est que j’étais imprégné des sentiments que tu m’avais inspirés. Et toi mon cher père, dont la vie fut aussi rude que ton rude métier, tu m’as montré ce que peut faire la patience dans les longs efforts. C’est à toi que je dois la ténacité dans le travail quotidien. Non seulement tu avais les qualités persévérantes qui font les vies utiles, mais tu avais aussi l’admiration des grands hommes et des grandes choses. Regarder en haut, apprendre au-delà, chercher à s’élever toujours, voilà ce que tu m’as enseigné. Je te vois encore, après ta journée de labeur, lisant le soir quelque récit de bataille d’un de ces livres d’histoire contemporaine qui te rappelaient l’époque glorieuse dont tu avais été témoin. En m’apprenant à lire, tu avais le souci de m’apprendre la grandeur de la France.
Soyez bénis l’un et l’autre, mes chers parents, pour ce que vous avez été et laissez-moi vous reporter l’hommage fait aujourd’hui à cette maison …
Louis Pasteur, Allocution prononcée, le 14 juillet 1883, à l’occasion de l’apposition d’une plaque commémorative sur la maison natale de Pasteur, à Dôle. In : Œuvres de Louis Pasteur, VII, 360-361.
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