Généalogie des familles Pasteur

Généalogie des familles Pasteur Couverture du livre Généalogie des familles Pasteur
Martine Bellague et Jean-Marie Gallois
Éditions Bellague-Gallois - 73, rue de la république F-39110 Salins-les-Bains
Première édition (imprimée et numérique) 1999, Deuxième édition révisée (numérique) 2011
Imprimé et numérique (PDF)

 

Plus de 700 pages
Plus de 700 patronymes
Plus de 1200 familles
Des dizaines de milliers de personnes...
Le "Bottin" des "Pasteur" …

Commande (broché):

Éditions Bellague-Gallois
73, rue de la république
F-39110 Salins-les-Bains
Première édition, 1999
Prix (TTC): 33 EUROS + frais de port

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Prologue

J‘ai cru pendant longtemps qu’il n’y avait jamais eu qu’un seul Pasteur, celui dont le portrait en relief ornait les boites des vaccins de son Institut. Lorsqu’il y a tantôt vingt ans, c’est-à-dire tardivement dans ma carrière, je me lançai en microbiologiste dans l’étude de sa vie et de son œuvre, l’idée ne m’effleura même pas d’examiner si d’autres que lui avaient porté ce nom. En 1993 cependant, alors que j’avais déjà beaucoup écrit sur Pasteur, je découvris des papiers anciens sur ses ancêtres Roqui (maternels) aux archives de sa Maison natale à Dole. Cela me fit entrer d’un coup dans le monde de sa famille et me libéra en même temps de l’archaïsme du «mythe médico-républicain» qui sous-tend depuis les origines l’historiographie du savant. Dès lors en effet, je le vis autrement.

Ainsi mis en appétit, la situation évolua encore deux ans plus tard quand les minutes anciennes des notaires de Mouthe furent déposées aux Archives du Doubs. Reprenant à mon compte le mot de Mme Marguerite Rémond, née Chamecin, petite-cousine du savant, à propos des archives du prieuré de Mouthe, je dirai également qu’un «nid de Pasteur» existait dans les papiers notariaux que je découvrais et qui recelaient toute une vie inconnue de moi et de beaucoup d’autres. L’intérêt de ces documents, s’ajoutant à celui des archives du prieuré déjà étudiées en partie par le chanoine Jean Musy et M. Jean-Marie Augustin, était tel que je n’eus plus qu’une seule possibilité : scinder mon étude presque achevée et publier un volume spécifique sur la vie des ancêtres de Pasteur et un autre sur sa jeunesse comtoise qui, jusque-là, occupait l’essentiel de mon texte. L’œuvre scientifique suivrait.

L‘année mondiale Pasteur me procura un second avantage. Au gré de cérémonies locales, j’eus la chance de rencontrer les rares personnes qui, en Franche-Comté, s’intéressaient avec efficacité et compétence à la généalogie du savant, traquant les erreurs et les contre-vérités et faisant des découvertes majeures comme celle, par le général Pierre Jacquenot, des origines périgourdines de Pasteur, via l’un des arrière-grands-pères de celui-ci, Pierre Jourdan, vieux soldat devenu bisontin d’adoption. Au contraire de moi, ces Francs-Comtois savaient depuis longtemps, souvent parce que leurs familles se rattachaient au tronc pasteurien, que de nombreuses personnes, réparties dans de multiples «nids», portaient ce patronyme. Lors du Congrès français de Généalogie qui se tint en 1995 à Besançon, je rencontrai le général Jacquenot et Mlle Françoise Barthelet, pilier du Centre d’Entr’aide Généalogique local, avec qui le premier collaborait. En août suivant, lors de la fête du ploussard à Pupillin,. je fis vraiment connaissance avec Martine Bellague et Jean-Marie Gallois, que j’avais déjà aperçus brièvement quelques mois plus tôt à Marnoz, patrie des Roqui. A Pupillin, leur présentation de cartes postales laissait bien augurer de la suite ; celle-ci devint pour moi un vrai bonheur quand j’eus pénétré un peu leur incomparable travail. Depuis, d’une certaine manière, nous ne nous sommes plus quittés. Néanmoins, nous avons eu à regretter la disparition de notre cher général Jacquenot, qui aurait tant voulu voir achevé le travail dont j’assure aujourd’hui la préface.

Devant les résultats obtenus par Martine Bellague et Jean-Marie Gallois, il fut vite clair que, si l’on s’intéressait au nom de Pasteur, le passage par Salins était incontournable. Nos amis s’étaient lancés en effet dans une enquête systématique incroyablement efficace, dont l’objectif était de retrouver tous les Pasteur possibles, des origines à nos jours, et de composer ce que j’ai appelé ensuite le «Bottin» de cette vaste famille. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils y ont réussi, à tel point qu’ils furent vite obligés de se limiter aux seuls Pasteur patronymiques. Et ils arrivent malgré cela à un livre de 700 pages! Si le détour par Salins était déjà obligatoire il y a quelques années, il l’est donc encore plus aujourd’hui. Mais, pour comprendre l’ampleur du travail effectué, il faut suivre un instant le chemin des Pasteur.

D‘où vinrent ces gens lorsque, abergeurs parmi d’autres, vers le treizième siècle sans doute, un peu avant ou un peu après, ils colonisèrent les hautes terres de la région de Mouthe en grande partie vierge jusque-là de présence humaine permanente ? Probablement de Suisse et de Savoie, comme beaucoup de leurs compatriotes. Avant le seizième siècle, il est à peu près impossible d’avoir des éléments précis sur ces cultivateurs et éleveurs qui se constituèrent en grandes «tribus» (le mot est de René Vallery-Radot, gendre de Pasteur) pour répondre aux conditions sociologiques et juridiques propres à la région. c’est-à-dire en référence à la mainmorte qui imposait de vivre «en communion», comme on disait. Il se formait ainsi de vastes associations familiales à qui un territoire étendu avait été « loué» une fois pour toutes «pour quelque somme de deniers», disait Loys Gollut, l’historien comtois du seizième siècle, et qui prospéraient généralement. Cependant, quand le village natal devenait «trop étroit», selon une expression du chanoine Musy cette fois-ci, c’est-à-dire lorsque les ressources étaient insuffisantes pour faire vivre chacun, les plus jeunes migraient vers le Premier Plateau, puis vers la «perpétuelle plaine» (Gollut) où l’on se plaçait couvreur, tonnelier, domestique, garçon-meunier, parfois archer, gendarme dirions-nous. On épousait ensuite une jeune fille du pays ; si elle avait de la terre, on redevenait paysan. Là, les liens s’élargissaient à d’autres familles d’origines géographiques différentes, ce qui assurait un mélange des sangs. On se déplaçait aussi en fonction «d’engins», de moulins, amodiés ou achetés, dont la roue à aube apportait l’énergie nécessaire à leurs industries, ici un moulin à blé, là une «lame de scie», ailleurs une ribe pour le chanvre. Les guerres, celle de Dix ans en particulier, accrurent les migrations.

Les montagnons suivaient les routes traditionnelles des foires, marchés et pèlerinages, les liens familiaux permettant de progresser avec une certaine sécurité. Le fait que la terre de Mouthe ait été insérée dans le bailliage de Pontarlier et touche ceux de Salins et d’Ornans, le tout étant intégré dans le bailliage d’Aval, explique que l’histoire des Pasteur s’y soit surtout déroulée. Les migrants avaient deux routes principales. La plus directe, de Lons-le-Saunier à Pontarlier, traversait le val de Mièges, mais une bifurcation s’offrait, car on butait à l’Ouest sur les sapins gigantesques de la forêt de Joux et au Sud sur le terrain chahuté de la cluse d’Entreportes et des pertes de l’Ain, de passage plus délicat. Passées ces difficultés, on s’installait sur le plateau, à Supt, Montmarlon, Lemuy. Une douzaine de kilomètres et une forte dénivelée permettaient d’atteindre Salins, «cité tant aimée» des princes de Bourgogne. Une seconde voie trouvait son origine en direction de Boujailles, via Levier. Par le Nord, on gagne le balcon de Châteauvieux, autrefois Châtel Viel, où des Pasteur étaient installés au début du seizième siècle et peut-être bien avant. De la haute vallée de la Loue, il était simple ensuite de gagner Besançon le long de la rivière. Les gens allaient de proche en proche sur une voie toute tracée. Dans la descente jusqu’à la «perpétuelle plaine», le chemin habituel était marqué de villages dont l’importance était comparable à Reculfoz, pays d’origine des Pasteur, présumé du moins, pour arriver dans des villes importantes, Salins et Besançon.

Du seizième siècle à nos jours, de village en village, d’alliance en alliance, cela fit beaucoup de monde. Ce fut donc à l’assemblage d’un gigantesque puzzle que s’attachèrent Martine Bellague et Jean-Marie Gallois. Le résultat est remarquable. En effet, on trouve dans ce livre la presque totalité de ce qui existe malgré la complexité du sujet et la dissémination des sources, d’ailleurs souvent incomplètes. Pour les trouver, il fallait une méthode sans faille. C’est peu de dire que les auteurs de ce livre mirent en pratique deux des principes de Descartes ou, si l’on veut, deux points essentiels de la méthode expérimentale : ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, c’est-à-dire éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et faire des dénombrements si entiers et des revues si générales qu’ils fussent assurés de ne rien omettre. Cela montre que, heureusement, ô combien, on peut faire oeuvre scientifique sans être dûment patenté. On se demande d’ailleurs combien de petits maîtres des facultés seraient capables de faire un travail aussi soutenu, sérieux et vérifié avec tant de constance et d’exactitude que celui de Martine Bellague et de Jean-Marie Gallois ? Un ensemble de données aussi conséquent pourrait même devenir la base d’une étude sociologique autrement plus importante que mon propre livre par exemple, à paraître bientôt, et qui n’est qu’une introduction au milieu familial de Pasteur le savant. Encore faudrait-il y regarder à deux fois et éviter que, comme cela se voit trop souvent depuis quelques années dans les universités, une somme aussi complète, une recension aussi remarquable, devienne aux mains d’un thésard pressé ou, pire, dogmatique, une montagne qui accouche d’une souris. Martine Bellague et Jean-Marie Gallois ont fait un travail admirable. Je fais des voeux pour qu’ils ne s’arrêtent pas en si bonne route et que, complétant sans cesse leur enquête, ils nous écrivent eux-mêmes un jour le livre des Pasteur.

En terminant, je souhaite bonne chance à cet ouvrage auprès de ceux qui possèdent du sang Pasteur, mais aussi de tous ceux qu’intéresse la généalogie et même de toutes les personnes qui aiment la «belle et bonne ouvrage» historique, car c’est ainsi que se présente ce véritable dictionnaire. En le lisant, on pense aux innombrables tranches de vie que résument chaque fois des noms et quelques dates, à la vie rude de ces gens dans des pays que, l’hiver, la neige isolait parfois pendant des mois dans l’ambiance sinistre des tempêtes en montagne, à l’énergie de ces Comtois qui reconstruisirent leurs vieux chalets malgré les ennemis sans nombre qui envahirent régulièrement leur terres, car l’énergie des habitants et leur amour pour leur région sont si forts que les difficultés les soudent entre eux plus qu’on ne saurait le dire, et à leur pays plus que de raison. Le dicton patois sur la capitale du Haut-Doubs, rapporté par Xavier Marmier dans son livre En Franche-Comté, histoires et paysages «On ot biau verie, deverie, on ne voit ra d’té que Pontaillie» (« On a beau tourner et retourner, on ne voit rien de tel que Pontarlier») peut s’appliquer à tout le pays des Pasteur et à tous les gens qui y habitaient. Merci Martine, merci Jean-Marie, de nous y faire rêver.

Richard Moreau

Professeur émérite (Microbiologie) à l’Université de Paris XII
Correspondant national de l’Académie d’Agriculture de France