Avis de décès de Henry Édouard Pasteur (1924 – 2005)

Olivier, Laurent et Jérôme, ses fils
Gil, leur mère et son amie
Samuel, Jean, Simon et Nina, ses petits enfants
Stella, Hélène et Dominique, ses belles filles
Ses nièces et filleules, neveux et petits neveux
Son cousin et ses petits cousins,
Ses amis

ont la tristesse de vous faire part du décès de

Henry sur son bateau, le Stella Maris

Henry Édouard Pasteur

Professeur de philosophie et voyageur infatigable
Membre fondateur et ancien Président de l’Association des familles Pasteur

Né à Rô, Maré (Iles Loyauté)

Survenu à Paris, le 28 septembre 2005, à l’âge de 81 ans.


Villefavard, samedi 1er octobre 2005
Message d’Olivier

à tous les présents ce jour-là

Il y a un moment pour tout et un temps pour toute affaire sous les cieux ;
un temps pour naître et un temps pour mourir ; un temps pour planter et un temps pour arracher ce qui est planté ;
un temps pour tuer et un temps pour guérir ; un temps pour démolir et un temps pour bâtir ;
un temps pour pleurer et un temps pour rire ; un temps pour se lamenter et un temps pour danser ;
un temps pour jeter des pierres et un temps pour ramasser des pierres ; un temps pour embrasser et un temps pour s’éloigner des embrassements ;
un temps pour chercher et un temps pour laisser perdre ; un temps pour garder et un temps pour dissiper ;
un temps pour déchirer et un temps pour coudre ; un temps pour se taire et un temps pour parler ;
un temps pour aimer et un temps pour haïr ; un temps pour la guerre et un temps pour la paix.

Ecclésiaste


Message de Françoise Bourély

à Ritou
à vous
à nous tous

Le matin du 30 juillet 2005, pour son anniversaire, j’ai apporté, comme beaucoup d’autres, ma « lettre à Ritou ».
Dans cette lettre, j’avais inscrit deux textes qu’il a trouvé particulièrement bien choisis.
Je tiens à vous les offrir aujourd’hui.
Voici donc, de Sébastien Joanniez, un texte intitulé La mort, extrait de l’album jeunesse Je fais ce que je peux.

Non, ce n’est pas facile, non, ce n’est pas simple d’oser se dire :
aujourd’hui c’est Henry Pasteur que l’on enterre.
Le vôtre, le mien, le nôtre, le connu, le secret, les multiples images que nous portons en chacun de nous, tout autour de la terre.

Le mien s’appelle Ritou,
Il est le tonton voyageur de mon enfance,
Il est le parrain que Maïse Pasteur-Bourély, ma mère, avait choisi pour moi, comme Émeline Pasteur-Armand, leur sœur aînée, l’avait également choisi peu d’années auparavant pour être le parrain de sa deuxième fille, Michelle.
Il ne nous souhaitera plus nos anniversaires…

Alors oui, je me sens proche de vous, Olivier, Laurent, Jérôme.
Alors oui, je me sens orpheline une fois encore, tout comme Michelle, ma cousine, tout comme Hervé et Daniel, mes frères.
Le dernier lien entre les quatre enfants Pasteur-Félix s’est rompu. A nous tous de savoir construire la suite de l’histoire.

Le Ritou de mon cœur est aussi le « Grand-Ritou » de Jérémie, mon fils, qu’il a fait tourbillonner dans son « tour du monde » si personnel.
Il est dans les pierres sèches des murets,
il est dans les chemins des montagnes bleues des Cévennes,
dans les fougères et les bruyères,
il est vivant dans mon cœur, dans le vôtre, dans le nôtre !

Je suis venue pour te le dire aujourd’hui Ritou, même si tu le sais.
En écoutant bien, je t’entends presque dire avec ton rire narquois que nous sommes bien « empotés » dans nos émotions et que ce n’est pas du tout ainsi qu’il fallait organiser les choses…

Je suis venue pour vous le dire,
à toi Gil,
à vous mes cousins, Olivier, Laurent, Jérôme,
à vos compagnes, Stella, Hélène, Domi,
à vos enfants, Samuel, Jean, Simon, Nina, Jean,
à tous les proches,
à vous tous.

Je suis venue transmettre tous les messages d’amour et de tendresse
de Jacques, mon compagnon,
de Jérémie, notre fils,
de Tchéko, mon père
de Michelle, notre cousine
et de Marie-Louise Kretzschmar, ma marraine dont j’ai reçu mercredi 28 septembre au soir une petite lettre enthousiaste, quelle coïncidence, avec ces mots : « Je ne me souviens pas t’avoir dit l’émotion causée par la « dernière » lettre de Ritou –grâce à toi- tout un passé Ste Croisien m’est revenu intact – passionnant et heureux – C’est bien la vie – ».

Oui, c’est bien la vie !
Demain, dimanche 2 octobre, Jérémie aura 19 ans
et la vie continue !

Pour terminer, voici le deuxième texte de Sébastien Joanniez, intitulé La question.


LA MORT

Je peux pas y croire : sans eux c’est pas pareil qu’avec
et j’ai beau l’imaginer, j’ai pas l’imagination pour ça.
Parce que sans lui qui m’explique pourquoi,
qui me raconte comment,
qui m’apprend.
Parce que sans elle qui m’embrasse.
Parce que sans eux, j’ose même pas y penser.
Et parfois pourtant, je voudrais les détester,
je voudrais faire qu’on se rencontre plus jamais
et jamais se ressembler jusqu’au nom.
Je peux penser à ça sérieusement.
Et puis l’image de moi sans eux me claque à la figure
et j’ai peur tout à coup de l’idée.
Alors je l’oublie aussi vite,
je la jette aux oubliettes,
je l’expédie.
Il me reste le cœur tambourinant,
un mauvais goût dans la bouche
comme si j’avais mâché du métal.
Il me reste l’angoisse que je peux pas m’enlever qu’un jour se lèvera sans eux.
Et je laisse l’idée loin de moi,
je cours vers eux,
je les entoure de mes bras pour que rien s’en aille.
Et rien s’en va,
Rien s’en va que l’idée dans l’ombre qui se cache. L’idée noire.

LA QUESTION

Comment c’est possible de faire ce que je veux,
tout ce que je veux
et rien que ce que je veux
dans l’existence,
du début jusqu’à la fin comme j’ai envie,
la perfection de mes rêves les plus fous
comme de sourire sans besoin d’une blague,
d’aimer comme d’être aimé,
d’être un homme
et d’avoir des enfants
puis
voir des pays
comme il y a des merveilles à se baigner dans le mieux,
oui,
la vie comment c’est possible ?

Sébastien Joanniez, Je fais ce que je peux


Message de Gérard Dordain

Dear Henry.

Comme tu peux le remarquer, mon anglais a remarquablement progressé depuis ma dernière lettre, promis à la prochaine j’écrirai : « Cher Henry. » en chinois.

J’ai appris ton départ pour un dernier voyage plus long que les précédents. Il était peut-être moins difficile pour toi de partir de Paris, les longs courriers ayant plus de mal à décoller derrière ton potager de La Courcelle.

Donc tu es parti. Olivier et Laurent nous avaient prévenus que tu préparais tranquillement tes bagages. Je n’ai pas eu le temps, ou je n’ai pas pris le temps, ou je n’ai pas eu le courage de t’écrire plus tôt (tu vois, heureusement que j’utilise mon correcteur d’orthographe, j’ai failli écrire ça comme le chien à Mickey).

Tu vas me manquer Henry. Nous aurions pu faire plus ample connaissance.

Je suis désemparé Henry. Autant j’aurais aimé faire tes précédents voyages avec toi, autant je regrette de n’avoir pu venir te faire mes adieux dans la salle d’attente de « Diaconesses airport ». Enfin, ce n’est que partie remise, il paraît que là où tu es allé tout le monde y va. Remarque, je ne suis pas pressé maintenant que je sais ça (serais-je un rien faux cul en t’écrivant cela ?).

Je suis désemparé cher Henry. Je ne sais même pas comment on te fait parvenir le courrier là où tu es.

Je pense, avec ta permission, que je vais envoyer cette lettre ouverte à Olivier, Laurent, Jérôme et Gil, peut-être sauront-ils, sûrement sauront-ils te joindre mieux que moi.

Adieu cher Henry.

Pour un petit peu d’humour posthume.

Pour un petit peu d’amour posthume.

Gérard

 

 

Ce billet est également disponible en : Anglais

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